Music, Crises and Resilience (2) : Musical Political (Dis)Engagement of Threatened Communities in the Diaspora

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Ce séminaire consacré aux prises de positions politiques en musique dans les diasporas sera donné par Chloé Lukasiewicz (Université Paris-Nanterre, CREM - LESC) et Mukaddas Mijit (Université Libre de Bruxelles, LAMC – EASt).

Cycle de séminaires en collaboration avec ICTM-Belgium.

Cette séance est organisée en partenariat avec le centre de recherche EASt (East-Asian Studies) de l’ULB. Programme complet de leurs événements à venir sur Facebook et MSH.

  

Informations pratiques :

- 20.04.2022 à 14h.

- en présentiel : l’Université Libre de Bruxelles, Maison des Arts (56 avenue Jeanne, 1050 Bruxelles), salle de projection (J56.3.303).

- en ligne : sur Teams. Pour accéder au lien, inscrivez-vous en contactant ictm.belgium@gmail.com

 


(English below) 

« Chanter l’amour, le manque et la foi : redéfinition des expériences de l’exil par les artistes réfugiés tibétains dans les musiques contemporaines »

En m’appuyant sur des vidéos disponibles sur Youtube et des entretiens menés avec des artistes réfugiés tibétains à Dharamsala, je montrerai que les musiques contemporaines ne sont pas pensées comme un moyen de sensibiliser les populations occidentales sur la situation au Tibet. D’abord, le public visé est tibétain : les artistes favorisent un entre-soi (pour-soi), par l’utilisation presque exclusive de la langue tibétaine par les chanteurs, parfois l’hindi, de référents culturels tibétains dans les clips et le peu de traductions en anglais (dans les sous-titres ou dans la description du morceau). Puis, le sujet des chansons n’est pas la situation au Tibet ou en exil. Il s’agit plutôt d’exprimer des sentiments et de raconter des expériences qui peuvent être partagés par d’autres membres de la diaspora. On retrouve plusieurs répertoires musicaux : celui du transport amoureux et celui de l’amour porté à la mère. Enfin, les chants de louanges à une figure religieuse importante, le plus souvent le XIVe Dalaï lama, font partie d’un répertoire qui est également investi par les artistes des musiques contemporaines. Alors que la jeunesse tibétaine en diaspora a pour injonction de préserver la culture et d’adhérer à la « nation tibétaine », ce type de productions apparait comme un moyen pour les artistes de redéfinir leurs expériences de l’exil et ce qu’est « être Tibétain » aujourd’hui en dehors du Tibet.

Chloé Lukasiewicz est doctorante en ethnomusicologie à l’Université de Paris-Nanterre et est rattachée au Laboratoire du CREM-LESC (UMR CNRS 7186). Sa thèse porte sur l’expérience de l’écoute musicale individuelle au sein de la diaspora tibétaine à Dharamsala (Inde), rendue perceptible grâce à un dispositif évaluatif mis en place dans le cadre de ses recherches. Également musicienne, elle pratique le chant lyrique depuis 2001.

 

« La musique et la performance en temps de crise, la résistance de la diaspora ouïghoure face à la mise en silence forcé »

En 2016, les Ouïghours vivant en dehors de la Chine ont été bouleversés par une rupture soudaine de toute communication avec le pays. Les nouvelles qui arrivaient de la région ouïghoure ont teinté les esprits de l’angoisse et de la peur. Les camps de rééducation forcés, les interdictions de toutes pratiques culturelles, linguistiques, arrestations arbitraires des intellectuels, artistes, etc. ont occupé toute la sphère médiatique concernant la question ouïghoure.

Face à cette situation, la diaspora a d’abord songé dans un silence, puis progressivement a commencé à s'exprimer à travers la voix de la poésie, de l’art puis de la musique.

Ce processus d'utilisation de la poésie, de la musique et l’art en général comme moyen de résistance sont le fil conducteur de cette présentation. Comment la diaspora ouïghoure a-t-elle saisi les différents moyens artistiques dans leurs campagnes de sensibilisation? Et comment l’expression artistique est-elle utilisée pour transmettre une culture en péril? Quels sont les acteurs les plus actifs, les associations, les collectifs et les artistes? Et comment garder une autonomie et une liberté de création dans une situation de crise ?

Mukaddas Mijit est ethnomusicologue, cinéaste et artiste, née à Ürümchi dans la Région Ouïghoure. Elle a soutenu son doctorat à l’Université de Paris-Ouest Nanterre sur la « Mise en scène des patrimoines artistiques ouïghours ». Depuis 2016, elle participe à plusieurs projets de recherche autour de l’expression artistique ouïghoure (la danse, la musique et les banquets conviviaux, CND et SOAS). Depuis 2021, elle est chercheuse postdoctorale à l’Université Libre de Bruxelles (LAMC - EASt) travaillant sur l’art visuel et la performance dans la diaspora ouïghoure. Elle continue également ses projets artistiques en Europe et aux États-Unis.

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"Singing Love, Lack, and Faith: Redefining Tibetan Refugee Artists' Experiences of Exile in Contemporary Music"

Based on videos available on Youtube and interviews conducted with Tibetan refugee artists in Dharamsala, I will show that contemporary music is not thought of as a way to raise awareness of the situation in Tibet among Western populations. First, the target audience is Tibetan: the artists favor an "entre-soi" (for-itself), through the almost exclusive use of the Tibetan language by the singers, sometimes Hindi; Tibetan cultural references in the clips and the few translations into English (in the subtitles or in the description of the song). Then, the subject of the songs is not the situation in Tibet or in exile. Rather, they are about expressing feelings and experiences that can be shared by other members of the diaspora. There are several musical repertoires: that of love transport and that of love for the mother. Finally, songs of praise to an important religious figure, most often the XIVth Dalai Lama, are part of a repertoire that is also invested by contemporary music artists. At a time when Tibetan youth in diaspora are being told to preserve their culture and join the "Tibetan nation", this type of production appears to be a way for artists to redefine their experiences of exile and what it means to be "Tibetan" outside of Tibet today.

Chloé Lukasiewicz is a PhD student in ethnomusicology at the University of Paris-Nanterre and is attached to the CREM-LESC Laboratory (UMR CNRS 7186). Her dissertation focuses on the experience of individual musical listening within the Tibetan diaspora in Dharamsala (India), made perceptible thanks to an evaluative device set up in the framework of her research. Also a musician, she has been practicing opera singing since 2001.

 

“Music and performance in times of crisis, Uyghur diaspora resistance to forced silencing”

Since 2016, Uyghurs living outside of China have been disrupted by a sudden breakdown in communication with the country. News coming from the Uyghur region has tinged minds with anxiety and fear. The forced re-education camps, the prohibition of all cultural and linguistic practices, the arbitrary arrests of intellectuals, artists, etc. occupied the whole media sphere concerning the Uyghur question.

Faced with this situation, the diaspora first thought in silence, then gradually began to express itself through the voice of poetry, art and music.

This process of using poetry, music and art in general as a means of resistance is the main thread of this presentation. How has the Uyghur diaspora seized the different artistic means in their awareness campaigns? And how is artistic expression used to transmit an endangered culture? Who are the most active actors, associations, collectives and artists? And how to keep an autonomy and a freedom of creation in a situation of crisis?

Mukaddas Mijit is an ethnomusicologist, filmmaker and artist, born in Ürümchi in the Uyghur Region. She defended her PhD at the University of Paris-Ouest Nanterre on the "Staging of Uyghur artistic heritages". Since 2016, she has participated in several research projects around Uyghur artistic expression (dance, music and convivial banquets, CND and SOAS). Since 2021, she has been a postdoctoral researcher at the Université Libre de Bruxelles (LAMC - EASt) working on visual art and performance in the Uyghur diaspora. She also continues her artistic projects in Europe and the United States.

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