Dans le cadre du cycle de conférences du LaM, Jacinthe Harbec viendra présenté ses recherches sur les ballets des Années folles et la collaborations entre les différents acteurs de l'avant-garde parisienne.
Dans le Paris des Années folles, le ballet connaît une vive effervescence suscitée par les collaborations inédites entre des artistes en quête de l'« œuvre d'art totale » où se conjuguent poésie, peinture, danse et musique. Symbole de cette synthèse des arts, le ballet Parade, créé en 1917 par les Ballets russes de Diaghilev, est issu d'une étroite collaboration entre trois artistes représentatifs de l'avant-garde parisienne, à savoir Pablo Picasso, Jean Cocteau et Erik Satie. Le caractère audacieux de ce ballet « cubo-futuriste » donne le coup d'envoi à une série de spectacles suscitant de nouvelles associations d'artistes qui mettront en scène les courants picturaux les plus avant-gardistes, tels que le cubisme, le futurisme, le surréalisme et le dadaïsme.
Cette conférence vise notamment à démontrer comment les spécificités artistiques propres à ces courants picturaux ont contribué à définir l'esthétique qui sous-tend les productions de ballet ayant marqué la scène parisienne au cours des Années folles. J'appuierai donc ma démonstration sur une approche interartistique que j'ai exposée dans l'ouvrage Ballets russes et Ballets suédois : la musique à la croisée des arts 1917-1924 (Vrin, 2021). Pour ce faire, je propose d'abord d'examiner les fondements de la peinture moderne afin d'en relever les caractéristiques stylistiques et formelles. De cette étape découlera ensuite l'étude de quelques œuvres de ballet en considérant chacune de leurs composantes artistiques telles que le livret, le décor, les costumes, la musique et la chorégraphie. À l'aide d'illustrations, de documents d'archives et d'exemples musicaux, il sera ainsi démontré comment la rencontre esthétique entre la musique et les arts se manifeste dans ces balelts pour former un tout cohérent.
Jacinthe Harbec est professeure associée à l’Université de Sherbrooke où elle a enseigné l’écriture et l’analyse musicales de 1992 à 2021. Membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche (oicrm) de l’Université de Montréal, elle poursuit ses travaux de recherche dans les domaines du langage et de l’esthétique de la musique française du début du xxe siècle. Elle a publié plusieurs articles dans ce champ de spécialisation, en plus d’être la coauteure d’un Catalogue des œuvres de Henri Collet. À la suite de ses travaux sur la compositrice Germaine Tailleferre, elle s’est intéressée à la musique de scène, ce qui l’a amenée à développer une approche interdisciplinaire propre à l’étude des dynamiques entre les différentes formes artistiques, à savoir la musique, la danse, l’art visuel et la littérature. Outre la publication d’articles, elle a prononcé plusieurs conférences au Canada, aux États-Unis et en Europe portant sur des ballets, tels que Parade, L’Homme et son désir, La Création du monde, Skating Rink et Les Mariés de la tour Eiffel, pour ne nommer que ceux-ci. Son approche interartistique appliquée à l’étude de ces productions se retrouve notamment dans son récent ouvrage intitulé Ballets russes et Ballets suédois : la musique à la croisée des arts 1917-1924 (Vrin 2021).
Informations pratiques : 7 novembre 2022, 12h-14h, Maison des Arts - Salle de Projection (avenue Jeanne 56, 1150 Bruxelles)