Ateliers de recherche en musique et musicologie du LaM, en collaboration avec l’Internaitonal Council for Traditional Music.
FR
En m’intéressant dans le cadre de mon doctorat en anthropologie (soutenu en 2017 à l’Université de Liège, Belgique) à l’étude d’un chant nommé Bérébéré (chant de complainte), prisé par les femmes Soninké de mon village Djéwol (sud mauritanien), cela m’a conduit à sillonner le cours du fleuve Sénégal et à remonter jusqu’à leur lieu d’origine qui se nomme Gory dans le cercle de Yélimané, région de Khayes au Mali. J’avais appris de mon expérience de terrain au niveau du village, qu’un chercheur homme, étranger ou inconnu (dans le milieu Soninké du village), comme c’est mon cas, souhaitant enquêter sur certains sujets auprès des femmes Soninké, se heurte à de nombreuses difficultés. Parmi ces dernières, il y a la prise en compte de certaines réalités du terrain liées au genre, au statut et à la position des interlocuteurs. En effet, il est difficilement envisageable de s’entretenir avec une femme Soninké sur un sujet quelconque, sans avoir reçu au préalable l’aval de son mari, du frère de celui-ci, ou bien de tout homme exerçant une responsabilité dans la famille. Cette démarche préalable demeure indispensable, surtout lorsqu’il s’agit de recueillir des chants et des danses, qui sont souvent le fruit d’une certaine intimité (Diagana 1990 ; Tamari 1997 ; Razy 2007). Pour illustrer les principales difficultés liées à la musique et concernant le problème de genre, je projetterai un entretien filmé avec Madame Sakho (60 ans, conservatrice au Musée du Mali) qui, en plus d’être chercheuse et d’avoir effectué dans les années 1980, des recherches et enregistrements ethnomusicologiques avec Gilbert Rouget (1916-2017), lors des missions Dakar-Djibouti au sud du Mali (Côte-d’Ivoire et Burkina Faso) ; elle est également une femme issue de la société Soninké. Elle est donc bien placée pour parler des difficultés épistémologiques liées à sa position de chercheuse sur le terrain et des inégalités femmes-hommes existant sur place.
EN
During my PhD in anthropology defended in 2017 at the University of Liège, Belgium, I was interested in the study of the Bérébéré songs (lament songs), popular within the Soninké women of the Djéwol village (Southern Mauritania). It led me to travel along the Senegal River to Gory, their place of origin, situated in the cercle of Yélimané (Khayes region, Mali). I had learnt from my fieldwork in the village that a male researcher, foreign or unknown (in the Soninké milieu of the village), as in my case, wishing to investigate certain subjects among Soninké women, comes up against many difficulties. These include taking into account certain realities in the field linked to the gender, status and position of the interviewees. It is hard to imagine talking to a Soninke woman about any subject without first obtaining the approval of her husband, his brother, or any man in a position of responsibility in the family.
This preliminary step remains essential, especially when it comes to collecting songs and dances, which are often the fruit of a certain intimacy (Diagana 1990; Tamari 1997; Razy 2007). To illustrate the main difficulties linked to music and the gender issue, I will screen a filmed interview with Madame Sakho (60, curator at the Musée du Mali) who, as well as being a researcher and having carried out ethnomusicological research and recordings with Gilbert Rouget (1916-2017) in the 1980s during the Dakar-Djibouti Missions in southern Mali (Côte d'Ivoire and Burkina Faso), is also a woman from Soninké society. She is therefore well placed to talk about the epistemological difficulties associated with her position as a researcher in the field and the gender inequalities that exist there.
ULB - Maison des Arts
Salle de Projection
56 Avenue Jeanne
1050 Ixelles – Bruxelles